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28 novembre 2024« Choisir l’Occitanie, c’est comme intégrer une équipe de rugby, tout le monde est solidaire »
Arnaud Castaignet, Vice-Président de Skeleton Technologies, nous explique pourquoi l’entreprise estonienne a choisi la France et l’Occitanie pour développer sa SuperBattery. Un choix poussé par de multiples facteurs, à commencer par l’attractivité de la France et un écosystème industriel très dynamique en Occitanie.
Pourquoi avoir choisi la France pour la SuperBattery ?
Skeleton est une entreprise dont le siège est en Estonie mais qui une forte identité européenne. Nous avons un site de production en Allemagne et un centre de R&D en Finlande. Il était important pour nous de commencer à pénétrer l’écosystème industriel français, qui est très complémentaire des partenaires que nous avons déjà. La France fait beaucoup d’efforts pour attirer les investisseurs étrangers sur les projets de décarbonation et les technologies stratégiques, comme notre batterie haute puissance. Nous avons aussi choisi la France pour avoir accès à une électricité largement décarbonée. C’était une priorité pour nous, nous avons écarté d’autres pays avec un mix énergétique trop dépendant du gaz ou du charbon. Enfin, la France propose des dispositifs de soutien intéressants, comme le crédit d’impôt pour l’industrie verte.
Et pourquoi l’Occitanie ?
C’est une région qui dispose de plusieurs centres de recherche à la pointe de l’électronique de haute puissance, comme le Cirimat, le CEA ou encore l’IRT Saint-Exupéry. Or, la première année de notre projet sera dédiée intégralement à la R&D. Nous n’allons pas simplement ouvrir un site de production, nous voulons aussi avancer sur les batteries de haute puissance et nos futures générations de produits. Nous savons aussi que nous n’aurons aucun problème de recrutement sur place : l’excellence des écoles d’ingénieurs n’est plus à prouver et les compétences sont là. Cet écosystème a été un critère déterminant. Dès qu’on a envisagé l’Occitanie, nous avons eu accès à des entreprises comme AirBus, SNCF, Thalès Alenia ou encore Alstom. Toutes ont montré un intérêt pour notre technologie et ont parlé d’une même voix pour nous inciter à intégrer cet écosystème. C’était comme parler à une équipe de rugby, ils étaient tous solidaires ! Et pour reprendre les mots de Michel Audiard, « quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent ».
En quoi la SuperBattery est-elle innovante ?
La SuperBattery fournit beaucoup plus de puissance qu’une batterie au lithium et se recharge en 60 secondes. Elle est particulièrement pertinente pour les systèmes de réseaux électriques qui intègrent des énergies renouvelables intermittentes et qui ont besoin d’un stockage ultra performant pour se stabiliser. Les data centers, gros consommateurs d’énergie, ont aussi des besoins en haute puissance pour faire face aux pics de consommation. Le secteur ferroviaire est également concerné pour l’électrification de ses infrastructures, tout comme les véhicules lourds comme les camions de collecte des ordures ménagères ou encore les camions miniers, qui ont des besoins que ne peuvent pas remplir les batteries à lithium. Cette batterie peut inciter des secteurs avec des besoins puissants à s’électrifier.
Que pensez-vous de la chaîne de valeur des véhicules électriques en France ?
La France a des atouts indéniables, avec des entreprises leaders et dynamiques comme Verkor ou ACC. Le pays gagnerait néanmoins à développer davantage d’usines pour rapatrier au maximum la production. Mais si on regarde l’ensemble de la chaîne de valeur, la France doit aussi et surtout attirer davantage de projets sur le recyclage et les alternatives aux métaux rares. Chez Skeleton par exemple, nous avons voulu une SuperBattery sans nickel ni cobalt et avec moins 40% de lithium que dans les batteries au lithium. Enfin, et c’est mon point de vue personnel, il faut penser la chaîne de valeur à l’échelle européenne si on veut dépasser durablement la concurrence asiatique.